« Comme l’univers lui-même, la vie des hommes est un désastre et un enchantement. Un désastre parce que la fin est déjà inscrite dans le début. Un enchantement parce qu’il ne cesse de s’y passer des événements qui provoquent des émotions, des sentiments, des réflexions, de la passion. Un désastre parce qu’il y a la souffrance et le mal. Un enchantement parce qu’il y a l’espérance et l’amour. »
(Jean d’Ormesson, Guide des égarés)
J’en ai fait un oxymore :
Un enchantement désastreux
Un désastre enchanté.
Connaissez vous : l’oxymore?
Pour ceux qui ont travaillé avec moi, ils savent mon attachement à cette figure de style.
Dans le cas présent, j’aime ce que ces deux oxymores, nous révèlent de la vie et de sa complexité, de son équilibre fragile, de son imperfection parfaite et ici, le sentez-vous, avec la distance d’un sourire !
Je vois déjà, s’esquisser le sourire malicieux de Jean d’Ormesson, un mélange de ruse et de bonhomie.
La vie sur terre est polarisée, elle est travaillée, traversée par des vents contraires, des oppositions, des séparations, des divisions…
Le jour-la nuit, le masculin-le féminin, l’ombre-la lumière, l’intérieur l‘extérieur, la haine-l‘amour, le superficiel- le profond, le oui-le non, le désastre-l‘enchantement et ainsi de suite…
Ces thèmes ne se conçoivent que dans, la séparation, l’un ou l’autre, l’opposition.
En apparence seulement…
Dans le visible, c’est séparé, dissocié, divisé mais à un autre niveau plus subtil et profond, celui du sensible, l’alliance des deux mots opposés va prendre sens et donner à saisir, à percevoir, une réalité oú finalement, certes ils sont toujours différents mais leur coexistence engendre une autre forme de réalité que notre esprit binaire porté à la dualité tend à combattre et à démentir.
« Nous sommes comme des îles dans la mer, séparées à la surface mais reliées dans les profondeurs » William James.
On parle dans la Mindfulness de la non-dualité, de la non-séparation, c’est dans cet espace que l’on peut toucher quelque chose de précieux, un sentiment d’unité, se sentir relié à une autre forme de réalité où il n’y a plus séparation, plus de dualité, tout devient harmonieux et comme homogène, on fait corps avec l’un…
Mais revenons au texte de Jean d’Ormesson et à ce qu’un passage d’année amène dans son traineau, comme bilan, vœux, mots auxquels je préfère celui d’intention.
Alors 2017, une année enchantée ou désastreuse ?
Pour vous, pour moi, pour le monde…
Je suis sûre qu’elle a été les deux à fois, nous nous retrouvons avec la complexité chérie et bénie de l’oxymore.
Une année, comme une vie ressemblent à un manège diaboliquement enchanté avec sa chaîne des jours nous entraînant dans la souffrance, le désappointement, les déceptions, la rage, la tristesse, la contrariété, la trahison, les illusions…et viennent s’y mêler souvent de façon inattendue, surprenante l’espérance, la joie, la légèreté, la gentillesse, le sourire, le rire, l’intelligence, le désir, le plaisir…
Bref les émotions, ces ondes vibratoires, qui font le sel de la vie, en un mot, l’Amour.
« Quand on est né, il faut s’attendre à mourir » disait Jean d’Ormesson.
Et donc d’ici là, d’ici là bas, d’ici au loin, notre plus grand devoir, n’est-il pas de tenter de vivre avec et de cette énergie, l’Amour.
Une énergie, elle, non fossilisée mais faite de cellules vivantes et vibrantes, circulant dans tout le corps et jusqu’au cœur.
Corps-cœur il nous manquerait la tête, non pas le mental mais la conscience.
La conscience donc, avec et par le corps nous mène, à la Mindfulness, la pleine conscience à la vie, notre présence attentive à l’instant présent.
« Je nais chaque instant pour chaque instant.
Je respire… n’est-ce pas tout ?
Je respire…j’ouvre profondément,
toujours pour la première fois,
ces ailes intérieures qui battent le temps vrai. »
Paul Valéry, Mon Faust.
Le sentiment qu’à chaque instant la naissance est possible, le nouveau peut opérer. Comprendre, entendre, accueillir profondément en soi cette possibilité, cette permission, n’est-ce pas un formidable petit pas pour se diriger modestement certes mais sûrement vers le bonheur, vers la libération, se libérer de soi-même, d’abord et avant tout, car ne sommes-nous pas notre premier geôlier ?
J’entends beaucoup dans les entreprises, parler de libération, libérer les collaborateurs, avec au final cette injonction insupportable de « libérer l’autre »
Ah oui intéressant, très…
Mais surtout utopique et illusoire, « on ne libère personne » car seule la personne concernée, fort heureusement, peut opérer cette transformation.
Alors je poserai cette question aux dirigeants qui se lancent dans ce type de mouvement, nous allons faire l’hypothèse avec sincérité :
– En quoi êtes-vous, vous-mêmes libérés ?
– Connaissez-vous vos MMA (Modes Mentaux Automatiques ) parvenez-vous à les observer et à vous en libérer ?
– Avez-vous suffisamment voyagé en vous-mêmes ?
Et oui aller vers la libération, le bonheur, ça se travaille et ce n’est pas toujours une croisière en eaux calmes.
« Être heureux n’est pas une fatalité du destin, mais une réussite pour ceux qui peuvent voyager en eux-mêmes » dixit LE Pape François.
Pas de destinée donc mais un chemin, un voyage…
Je vous souhaite une magnifique année 2018, qui sera parfaite dans son imperfection.
En souhaitant que dans le flot ininterrompu des mails « Vœux » vous trouviez du temps d’abord, et éprouverez un peu de plaisir à me lire, ensuite, puis celui de m’écrire ! Je sais j’en demande beaucoup.
Depuis Noël, du plus profond de la nuit surgit la lumière, c’est le secret de Noël, la lumière et son retour, peut-être ressentez-vous la différence, nous sommes déjà en route pour notre futur printemps, et bientôt futur été !
En attendant ici et maintenant c’est l’Hiver, aujourd’hui une belle tempête, je vous souhaite un bel hiver, l’hiver le temps de la sagesse, profitez-en pour revenir en soi, chez soi, se chouchouter, se cocooner, se dorloter, Vous, l’Autre, les Autres, le Monde…
Lisdalia.
Je vous embrasse. À bientôt.